KRUSH, une satire sociale
19 Septembre 2024, Paris.
Ce soir, j’ai été élégamment conviée pour voir une pièce de théâtre : KRUSH. Au Théâtre du Châtelet. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre… Et Dieu, que j’ai été émerveillée. Que dis-je ? Subjuguée ! Éblouie.
Conçue et mise en scène par Olivier Fredj, cette pièce est une œuvre d’art. Elle raconte les intimités des opprimés, dresse une satire sociale des injustices qu’on ne voit pas, donne voix aux histoires qu’on n’entend pas. J’ai été subjuguée par la polyphonie des voix si différentes, et pourtant, si merveilleusement accordées. Des histoires diverses qui font résonance, dans une valse d’émotions inopinées, une danse de sentiments sublimement assumés.
Mais comment cette pièce de théâtre est-elle née ?
Une œuvre engagée : donner voix aux intimités invisibilisées
Olivier Fredj a eu l’idée de réunir des personnes de divers milieux socio-culturels. Des anciens détenus de la prison de Meaux, des malades de la Maison Perchée, en proie à des troubles mentaux. Des élèves de l’école Jeanne d’Arc, des battants de l’Ehpad, des hébergés du Samusocial Popincourt. La conjonction d’âmes faite, chaque personne a été invitée à raconter son histoire. Son épopée. Ses déboires. Son odyssée. En effet, ces récits ont été écrits dans le cadre d’un atelier d’écriture. C’est à la suite de ces ateliers que Krush est né.
En anglais, le mot « Crush » revêt plusieurs significations.
On a le crush qui désigne « la horde, la foule, un nombre important de personnes ».
Le crush qui évoque le « crash », le fait de tomber violemment. Le « crush » qui signifie rébellion. Et enfin, le crush qui symbolise la passion : le coup de cœur, le coup de foudre.
Et à raison… Cette pièce pleine de passion incarne merveilleusement toutes ces significations. Tous ces sens touchent nos sens. Une pièce sensée, sensible, sensuelle… Tout simplement, sensationnelle.
Notons aussi la présence de la lettre “K” dans le mot “Krush”, qui peut-être fait écho aux cas sociaux.
Catharsis : la sublimation par l’art
Chaque personne raconte son histoire et met en lumière les parts obscures de ce que la société inflige à son intimité.
Par la sublimation par l’art, chaque individu se réapproprie son histoire. Chaque individu se raconte, se réinvente et renaît de ses cendres, comme un phénix. Chaque acteur est un narrateur. Chaque narratrice est une oratrice. Chaque comédien(ne) est un poète / une poétesse qui met de l’or sur ses fêlures.
On parle d’amour, de deuil, de la famille. De la maternité, du viol, de la passion, de la complexité des relations, du désir, de la liberté… Cette pièce nous rappelle à quel point l’art est cathartique. Thérapeutique. Des jeux de mots aux “je” de maux, des danses aux décadences, Krush ne manque pas de créativité et d'ingéniosité.
Plus qu’un bijou sur les intimités invisibilisées, Krush est une œuvre engagée qui se propose de soulever des problématiques difficiles, tout en offrant un échappatoire par l’art, une possibilité de renaître par la culture.
Car oui, tous les acteurs de cette pièce racontent leurs vraies histoires. Chaque acteur, chaque actrice, est le, la, capitaine de son récit. Chaque acteur incarne son propre personnage. Chaque actrice est la protagoniste de sa réalité.
Un message d’espoir et de résilience : renaître par la culture et trouver sa place dans la société
Sublime, onirique, à la fois hors du temps et furieusement d’actualité, cette pièce pose un regard poétique sur des sujets sombres. L’univers carcéral, la maladie mentale, la misère sociale… Elle donne à réfléchir, elle offre des larmes et du rire, un cocktail d’émotions.
Divine et majestueuse, la mise en scène est exquise et se veut porteuse de belles métaphores. Krush offre des moments forts, en conjuguant la beauté et la subtilité, la complexité des récits et l'authenticité des histoires. Les individus se répondent et correspondent.
Tous les acteurs et actrices débordent de talent. Chacune, à sa manière, a su capter la lumière. Chacun, à sa façon, a su répandre le frisson.
Cette pièce est une ode à la pluralité des identités, la diversité des cultures, la polyphonie des voix, la poésie de la différence et la magie de la divergence.
Krush célèbre la résilience avec élégance, audacité et volupté. On pourrait même s’y perdre, tant les histoires sont riches, nombreuses, emmêlées et entremêlées. Mais c’est aussi ce qui en fait la beauté.
Un bijou de beauté et d’élégance
J’ai eu un énorme coup de cœur pour Lison Le Gall – Menphée –, l’actrice de la Maison Perchée. Édouard Gameiro, l’acrobate dont les figures aériennes dessinent des métaphores sublimes. Et Marvin Ouattara, le poète du SAMU social, aux airs de dandy contemporain.
J’ai été à la fois, bercée, chamboulée, bouleversée, par la poésie des scènes, la beauté des mélodies, la douceur et la violence des images… Porté par les battements percussifs du Trio SR9, Krush est une création musicale inédite, autour des préludes et fugues de Bach, interprétés par Shani Diluka et leurs transformations festives par Matias Aguayo. La musique est d’une beauté inouïe. Une envolée céleste.
J’ai été chamboulée par l'intensité des acteurs et des actrices, qui incarnent brillamment leur personnage. Un personnage qui n’est autre que soi-même. On y voit une invitation à embrasser ses fêlures et à être pleinement soi. Un beau message d’espoir, de résilience, de tolérance. Un moment suspendu où le rêve se mêle à la réalité. Où la beauté se fait synonyme d’authenticité.
Merci pour cette beauté édificatrice, ce génie fou, cette folie douce.
J’ai été transportée, émerveillée, subjuguée tout au long de la pièce.
De plus, le Théâtre du Châtelet est absolument sublime.
Pour ma part, it’s a craving not a crush.
Un coup de cœur. Un coup de foudre.
Ne manquez pas ce crash.
Vous en sortirez élevé(e). Un article de Maureen KAKOU.
Insta : @lesmotsdefia
Blog : medium.com/@fiamaureenkakou
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