Journaliste, résistante et eurodéputée, Louise Weiss demeure une figure emblématique du XX ème siècle. Elle est pour tous la pionnière de l’engagement européen et de la cause féminine.
Née le 25 janvier 1893 à Arras, elle est l’aînée de six enfants. Sa lignée est très reconnue en Alsace pour plusieurs raisons. Son père, Paul Louis Weiss, est un ingénieur très prisé dans le milieu strasbourgeois tandis que sa mère, Jeanne Félicie Javal fait partie de la « famille Laval ». Son pionnier, Émile Javal avait inventé un système de dépistage, d’analyse et de traitement concernant les troubles de la vision.
Son éducation fut imprégnée par le modèle traditionnel. Cette influence ne l’a pas guidé dans ses choix professionnels, puisque contre les indications de son mentor, elle recevra l’agrégation et sera diplômée à seulement 21 ans de l’université d’Oxford.
Refusant le poste d’enseignante, Louise Weiss s’oriente vers le journalisme. Fréquentant de nombreux cercles politiques et littéraires, elle commença, par le biais de personnalités et de réfugiés de guerre, à prendre connaissance des enjeux et des problématiques des relations internationales.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Louise Weiss deviendra infirmière à Saint-Quay-Portrieux. Marquée par le désastre des combats, elle commença ses écrits dans le journal : Europe nouvelle. Cet hebdomadaire avait comme objectif de mettre en avant « une science de la paix » et de trouver un terrain d’entente et de sérénité entre la France et l’Allemagne.
Après quelques années, Louise Weiss devient reporter pour « l’Information » et le « Petit Parisien ». Sa volonté de pacifisme va se concrétiser lors de ses interviews en Europe. Durant ces voyages, elle fera la connaissance de plusieurs personnalités influentes dont Léon Trotski ou Aristide Briand.
Essayant par tous les moyens de rapprocher et d’apaiser les tensions entre l’Allemagne et la France, Louise Weiss créa en 1930, l’ École de la paix. Ce lieu deviendra un établissement d’enseignement et de conférence pour changer les perceptions des autres sur la guerre et ainsi favoriser le « vivre ensemble ».
Étant juive, Louise Weiss fût très attentive face à la montée du fascisme en Allemagne. C’est en observant les idées d’Aldophe Hitler, qu’elle décida de mettre en lumière ses propos afin de prévenir l’ensemble de la population de la dangerosité de cet individu. Malheureusement ce fut un échec.
Louise Weiss n’est pas uniquement réputée pour son engagement européen mais aussi par ses convictions « féministes ». En 1934, elle fonde l’association « Les femmes nouvelle ». Plusieurs actions ont été menées notamment la distribution de fleurs (mysotis) aux députés, ayant pour signification de ne pas oublier le combat des femmes.
Les membres de cette association ont de même offert des chaussettes aux sénateurs avec l’inscription : « Même si vous nous donnez le droit de vote, vos chaussettes seront raccommodées »
Voulant être élue, Louise Weiss se présente aux élections municipales de Montmartre (5 mai 1935) et aux élections législatives dans le 5 -ème arrondissement de Paris (1936).
Face à la Seconde Guerre mondiale et à l’horreur permanente, Louise Weiss et Suzanne Grinberg (avocate) cofondent l’Union des Françaises décorées de la Légion d’honneur. Cette action avait pour objectif d’instaurer un service militaire pour les femmes qui souhaitaient s’engager. Cet acte de patriotisme a pourtant été mal reçu de la part du gouvernement.
Malgré ce refus, Louise Weiss ne se découragea pas et créa de nombreux projets et idées pour sauver les réfugiés fuyant le régime nazi, collecter des médicaments pour les enfants ou d’écrire des articles dans des journaux clandestins résistants.
Revenant de ses missions, qui l’ont conduite jusqu’aux États-Unis, cette fabuleuse dame eut l’horreur de constater que son nom et son prénom figuraient dans les listes des personnes juives à éliminer. Elle demanda à de nombreuses connaissances de l’aide afin de supprimer ses informations. Grâce à cela, elle ne fut pas déportée.
Lors de la Libération, Louise Weiss participera au procès de Nuremberg en tant que journaliste.
Engagée dans les projets d’une union européenne, elle sera élue eurodéputée en 1979 . Le 26 mai 1993, elle s’éteint à l’âge de 90 ans dans le 16ème arrondissement de Paris.
Un article de Manzana VALLÉE.
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