top of page

Constellation 

Photo du rédacteurRORÉ

Sénégal : Afrique ! Je rêvais de te retrouver.

Afrique ! Je rêvais de te retrouver. Après une passée sous un ciel gris et dans le froid, je n’ai que toi en tête. La peur du regret me guette. La nostalgie m’envahit. Je veux te retrouver.



Si mon premier départ a été précipité, celui-là sera préparé. Chercher l’opportunité. Rentrer dans le sud. Se réinstaller. Attendre. Vivre l’impensable. Avoir une partie de soi qui s’en va. Souffrir. Tenir. Vouloir partir pour ne plus être asphyxiée.

Se lever un matin et ça y est c’est reparti. Dans un mois et demi, nous serons repartis. Destination : Dakar. Afrique nous revoilà. L’euphorie m’envahit puis c’est déjà l’heure des adieux et des pleurs. Mon unique et plus grande peur, te laisser et ne jamais te revoir en partant cette fois-ci. Et c’est le départ. Un dernier sandwich au jamon ibérico à 7h à Madrid et c’est parti.


A l’arrivée, les sensations sont immédiates : chaleur, humidité, on y est. Nous sommes en janvier et un grand soleil nous accueille. Exit le bonnet. J’ai quitté la froideur de mon cœur pour retrouver ta chaleur humaine. C’est retrouver un regard presque neuf durant le trajet de l’aéroport jusqu’à l’appartement. Remercier la vie. Être reconnaissante d’être à nouveau ici.

S’installer petit à petit, revoir ses amis, se faire tamponner la voiture. C’est décidé, ici non plus je ne conduirai pas. Et puis au bout de trois semaines, la stupeur. Le couperet tombe. Il faut rentrer. Rentrer en urgence. Te dire aurevoir une dernière fois. Arriver trop tard. Te voir une dernière fois. Ma vie s’écroule. Mon cœur est brisé. Je ne vais pas me relever. En te perdant, je perds tous mes repères. Mon monde s’effondre. Encaisser et repartir. Vidée, exténuée, il faut continuer. Un goût amer supplémentaire.


De retour à Dakar, je retrouve les mêmes défis rencontrés lors de ma précédente expatriation. La pression supplémentaire de devoir faire au moins sinon plus que la première fois. Reconstruire sa vie. Retrouver le sourire. Se concentrer sur le positif.

C’est découvrir la réserve naturelle de la Somone, déguster un poisson grillé chez Rasta et devoir s’y rendre en pirogue. C’est longer et contempler au quotidien la corniche qui me mène au travail. C’est s’émerveiller devant le sourire et les paroles d’enfants que je retrouve chaque jour en classe. Se sentir petit devant l’immensité de l’océan.

Le Sénégal c’est se laisser emporter par cette puissante énergie de l’île de Saint-Louis. S’y rendre pour le festival de Jazz et aussi découvrir l’histoire de l’aéropostale. Si folie il existe, elle les accompagnait assurément à chaque expédition.  C’est découvrir aussi l’histoire de ma région en traversant la Méditerranée.


C’est enfin se rendre au Sine Saloum. Quatre ans que j’attendais cela.

Se rendre au Sine Saloum, c’est faire une première halte sur l’île aux coquillages. Fadiouth. Traverser le pont accompagné d’un guide et découvrir ton histoire. Bienvenue en terres Sérères. En se baladant dans ce village, après avoir admirer les baobabs sacrés, on peut croiser des cochons qui se baladent. Fait plutôt rare. C’est découvrir mon premier cimetière mixte chrétien et musulman. Ici, au Sénégal les deux religions vivent ensemble dans la paix.

Le jour de Pâques, direction la messe sur l’île de Mar Lodj. Se rendre à la messe c’est prendre la pirogue pendant une demi-heure, assister au spectacle des oiseaux, puis monter sur une charrette. Assister à la messe de Pâques c’est assister également aux baptêmes de plusieurs enfants. C’est assister à une cérémonie de trois heures. C’est entendre des chants merveilleux et vivants. C’est la joie, le bonheur. L’église est bondée. Les tenues colorées. Être en communion. Je suis ici pour toi. J’entends ta chanson. Toutes mes prières sont pour toi. Reprendre petit à petit goût à la vie.


Et puis une nouvelle rencontre le jour de Pâques. Je ne crois pas au hasard. Mon sauveur. Ma nouvelle joie de vivre. Tu es la vie. Tu es amour. Tu es douceur. Tu es sauvage. Et je t’aime de tout mon cœur, mon bonheur.



Le Sine Saloum c’est aussi te rencontrer toi, Lyca. Partager un repas avec tes amis. Ecouter tes histoires. Vous regarder vous chamailler et puis rire. Rire tous ensemble. C’est te retrouver à Dakar pour fêter Korité. Tu nous as ouvert les portes de chez toi, nous avons la joie de rencontrer ta famille et de passer cette journée de fête avec vous. Assis sur le canapé, nous regardons Bassirou Diomaye Faye prier à la grande mosquée à la télé. Nous discutons de tout, de rien. Et puis nous voilà tous réunis dehors autour du même plat que nous mangeons à la main. Main droite oblige.


La morosité dans mon cœur est telle que j’en arrive parfois à oublier tous ces moments précieux que la vie m’offre. Pour le meilleur et pour le pire. La vie n’est pas belle ni cruelle, elle est la vie. Cette année n’aura pas été celle que j’espérais mais elle est celle dont j’avais besoin avec tout ce qu’elle comporte de bons et de mauvais. Aujourd’hui, j’écris au bord de l’eau en me délectant d’un tieboudiene. Retrouver les plaisirs simples de la vie. Plonger. Mettre la tête sous l’eau. Écouter le bruit des bulles. Se sentir vivant.


Un article de Roré.

846 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page