Sophie Germaneau a vu Nous, les Leroy dès sa sortie à l’UGC Normandie des Champs Élysées.
Dans son premier long-métrage, Florent Bernard met en scène le couple José Garcia/Charlotte Gainsboug avec une belle intention. Pour lui, il était comme une évidence de s’inspirer de la nostalgie de sa propre enfance pour porter ce film à l’écran : « Mes parents se sont séparés quand j’avais l’âge des enfants du film. Mon frère et moi leur avons dit que c’était leur problème et mon père l’a très mal pris, croyant que nous nous en fichions. L’idée est venue de là ».
Drédramatiser le dramatique.
Sandrine (Charlotte Gainsbourg) décide de quitter son mari Christophe (José Garcia). Afin de raisonner sa femme, Christophe décide de l’emmener, avec leurs deux ados, dans une vadrouille rétrospective de tous leurs bons moments, le temps d’un week-end.
Mais ce road movie familial va prendre une tournure imprévue et pleine de mauvaises surprises.
Une comédie légère traitée de manière atypique, bien loin des films dramatiques qui tombent dans le pathos.
Un Road Movie très séquencé. C’est tout ou rien : on passe de l’excès à l’ennui.
La trame du film fait penser à une course : elle pose un beau démarrage sur les startings blocks avec une exposition rythmée mais qui perd en vitesse et en équilibre dramatique du fait de la variation de styles de réalisation d’une séquence à l’autre.
On assiste à une succession de petits sketchs plutôt drôles avec un José Garcia déjanté dans ses réparties à la limite du One Man Show. Ces scènes burlesques sont entrecoupées de séquences très lentes ou d’autres chorégraphiées en musique qui traînent parfois un peu en longueur. Cette succession de saynètes piquées par un humour émouvant alternées avec des séquences qui manquent de souffle peuvent être déstabilisantes ou parfois ennuyeuses. Certaines de ces tentatives d’effets de styles plaisent ou non : la réalisation semble parfois décousue par ce mélange de réalisations variées. Il arrive que l’on se perde un peu dans le rythme des plans, comme s’il n’y avait pas un seul réalisateur, mais plusieurs.
On a parfois l’impression d’assister à une pièce de théâtre burlesque avec du dialogue osé à outrance pour ensuite plonger dans des scènes presque ennuyeuses. L’insistance de la vulgarité dans certaines scènes, notamment celle du bus où les dialogues entres le père et ses enfants sont osés et répétitifs, apportent une certaine lourdeur, on ne sait pas quand cela va prendre fin.
Certaines séquences à la limite de la caricature ou chorégraphiées en musique, qui semblent peu vraisemblables) font parfois perdre la notion de réalisme à l’histoire (effet voulu probablement pour poser une forme de dédramatisation) mais qui malgré tout lui offrent une forme de bonne humeur.
Côté émotion.
On retrouve malgré tout le regard émouvant de José Garcia – posé au milieu d’un visage aux mimiques et dialogues burlesques – qui fait tout le charme de ce personnage dont on ne sait si on doit l’appréhender comme victime ou coupable de la dérive d’un couple qui chavire.
Charlotte Gainsbourg reste émouvante, avec son regard attendrissant habituel et sa voix au grain timide qui surprend parfois lorsqu’elle hausse le ton, ce qui donne du peps à l’histoire, créant un effet de surprise qui fonctionne toujours.
Le contraste entre le mari et la femme, aussi bien dans leurs réparties dialoguées que dans leurs comportements (l’une douce, l’autre brute de décoffrage) impose déjà une ambiance loufoque et amusante.
Les deux adolescents restent parfois très flous, voire détachés, dans leurs réactions face au comportement de leurs parents, bien que le fils (Adrien Heaulme) se démarque dans une scène plutôt émouvante lorsqu’il réagit enfin par un monologue bien mené et très réaliste.
Photo : François Dourlen - Nolita
On passe malgré tout un bon moment.
Ressortent de ce film les messages bien connus de ces couples qui coulent et cherchent une issue : la tentative de réconciliation, ici traitée avec une idée originale, mais aussi la réaction des enfants qui se montrent indifférents et qui, malgré tout, souffrent en silence des répercussions des tensions vécues par leurs parents.
Le scénario est bien équilibré, juste, et pose les vrais problèmes relationnels interne au couple mais également avec les enfants. Dans l’idée, et en dehors du traitement technique du film, chacun peut d’y retrouver, adulte et enfant.
On a là une bonne petite une comédie qui fait sourire, et rire parfois avec des dialogues sans filtres.
Un film drôle et tendre, à voir en famille.
Un article de Sophie GERMANEAU.
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