Première expatriation, je livre un aperçu de mon parcours en toute spontanéité, sans prétention aucune. Je partage ici une partie de mon expérience qui m’a nourrie, fait grandir, avec mes doutes, mes bouleversements, mes questionnements mais surtout je veux livrer ici tous ces moments de vie incroyable que j’ai eu la chance de vivre ici et surtout d’avoir pu les partager avec toutes ces personnes inoubliables. Des scènes de vie ordinaires avec des gens extraordinaires.
Mon premier défi : partir, je ne suis jamais partie vivre plus loin qu’à une heure et demie du cocon familial. Le deuxième, réussir à me créer une nouvelle vie et exister en tant que moi, en tant que femme, et non pas femme d’expatrié ou femme de. Le troisième : réussir à vivre sans mes sœurs au quotidien.
A toutes ces personnes qui m’ont dit que voyager, partir c’était fuir. Il y a de la peut-être une part de vérité. Mais le voyage c’est surtout aller à la rencontre de l’autre et aussi à la rencontre de soi-même. Rebattre les cartes, qui suis-je ? C’est sortir de sa zone de confort et tenter l’expérience.
Il m’a fallu attendre vingt-neuf ans pour entendre parler de toi pour la première fois. Comment ai-je fait pour passer au travers durant tout ce temps. Petit pays d’Afrique de l’Ouest, enclave du Sénégal, je pars à ta découverte. C’est en septembre 2019 que je m’envole pour partir à ta rencontre. Après six heures de vols, une escale de sept heures à Dakar, un week-end en Casamance, je passe enfin la frontière terrestre et foule tes terres pour la première fois. Pays anglophone, les premières barrières de la langue s’imposent et puis c’est un tout autre monde qui s’ouvre à moi. Nous roulons quelques heures avant de rejoindre Banjul, durant tout ce trajet je reste béate, j’observe tout ce qui se présente à moi. D’abord frappée par cette chaleur, puis par les paysages. Je ne me lasserai jamais de ces manguiers majestueux qui jonchent les routes. Enfin, je découvre ton effervescence, toutes ces tenues colorées, cette ébullition dans les villages que nous traversons. Beaucoup attendent au bord de la route, un taxi brousse ou une voiture qui s’arrête pour les transporter. J’observe ces stands de fruits, ces charrettes tirées par des ânes qui se déplacent. Des chiens, des chèvres, des vaches, des singes traversent de temps en temps. Je regarde défiler toutes ces scènes de vie, admirative.
A mon retour en France, beaucoup me demanderont ce qu’il y a faire en Gambie, ce qu’il y a à voir. Si nous cherchons à travers nos voyages la Tour Eiffel, la Statue de liberté alors la Gambie ne nous comblera pas en ce point. Visiter la Gambie, c’est la vivre. Visiter la Gambie c’est sortir des hôtels all inclusive, c’est prendre un taxi, boire un café touba, c’est se perdre dans un marché, c’est manger un benachin ou un domoda. C’est échanger, discuter tantôt avec un mandingue ou avec un diola. C’est se nourrir de la richesse de ce pays, c’est se nourrir de l’autre. Voilà ce qu’est la Gambie.
Perdre tous ses repères. Et oui, il va falloir créer son quotidien, trouver sa routine, son petit train-train. Finalement chercher tout ce qu’on a quitté en partant. Mais avant cela, il va falloir comprendre, apprendre, s’adapter. Des détails du quotidien qui ne le sont pas. Tout d’abord c’est l’électricité. Ici pas d’EDF, il faut aller dans la petite cahute du coin acheter du crédit pour recharger son compteur. Ayant une situation confortable, je n’évoquerai pas ici les nombreuses et longues coupures d’électricité récurrentes auxquelles nous avons été confrontés. Il en va de même pour les coupures d’eau. C’est aussi vivre dans un endroit sans adresse postale et ne pas savoir quoi répondre quand on te demande où tu habites. C’est apprendre à se repérer aussi sans cela. C’est essayer de comprendre comment fonctionnent les taxis, comment les arrêter. Cela se traduit par de longs moments à marcher seule le long de la route, les pieds dans le sable sous un soleil de plomb à essayer tous les signes possible et inimaginable et regarder le taxi poursuivre sa route. Parfois de longs moments de solitude. Un autre apprentissage primordial ici, l’art de la négociation. Tout se négocie !
Le quotidien et l’aventure c’est aussi tester de nouveaux plats, se délecter de mets délicieux et être malade une heure plus tard. C’est faire l’expérience des hôpitaux. C’est aussi gérer le manque de la famille. Gérer les décès, les hospitalisations de nos proches à distance et rentrer en urgence. Tout ceci n’est supportable que parce qu’ici la chaleur humaine est telle qu’elle vous fait « oublier » cela. Elle vous aide à supporter tout cela. Jamais un seul instant je ne me suis sentie seule ici dès que je sortais de chez moi. Toujours j’ai croisé des regards, des sourires, des personnes bienveillantes avec qui on partage un moment d’échange unique et éphémère. C’est aussi ça la beauté de la vie. Se rendre disponible un instant pour un moment de partage avec une personne que l’on ne connaît pas et qu’on ne reverra pas.
Vivre ici, il faut le dire, on ne va pas se mentir c’est avoir la belle vie. C’est bénéficier déjà du soleil quasiment toute l’année et de la chaleur qui va avec. C’est pouvoir profiter de la piscine ces longues soirées d’été en janvier.
Mais la Gambie c’est surtout une faune et flore extraordinaire. C’est se rendre au travail et voir des singes qui traversent la route. Et si on sort un peu de la ville, c’est découvrir la Gambie un peu plus sauvage, c’est découvrir le fleuve Gambie. Attention, ici pas de Big Five. Alors que voir en Gambie ? Et bien la Gambie est réputée pour être le paradis des oiseaux. Si comme moi, quand vous pensez oiseaux vous pensez moineaux, pigeons et tourterelles alors il faut se rendre ici. Et c’est parti pour un weekend à la découverte des oiseaux. Oui c’est vrai, j’en ai croisé des beaux oiseaux ici, des touts bleus, des touts jaunes que je trouvais déjà magnifique. Mais j’étais loin de m’imaginer ce que j’allais alors découvrir. Nous voilà en route avec un guide et c’est parti pour un voyage de sept heures. Nous nous rendons sur la rive nord du fleuve Gambie et durant tout le trajet, nous nous arrêtons pour observer ces innombrables oiseaux. Le spectacle est fascinant, tout autant que le professionnalisme du guide. Ni une, ni deux les jumelles sont installées sur le trépied. « Regarde là ». Incroyable. Je suis stupéfaite par cet œil aiguisé et que dire du spectacle. Je le répète. Incroyable. Nous avons vu ce jour-là une trentaine d’espèces d’oiseaux différentes, toutes aussi spectaculaires les unes que les autres.
Profondément reconnaissante de ce que j’ai pu vivre, mon expérience en Gambie est surtout marquée par la multitude de rencontres que j’ai eu la chance de pouvoir faire et qui m’ont changée. Un peu de patience si vous voulez les rencontrer, j’ai toute une série de portraits à divulguer.
To be continued…
Un article de RORÉ.
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