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Constellation 

Romance – Fontaines D.C. (XL Recordings)

Romance est un lieu. C’est ce que nous apprennent les paroles du premier morceau éponyme du quatrième disque des Irlandais de Fontaines D.C. Plus précisément, Romance un lieu pour moi. Et toi. Pas pour nous. C’est de ce là que tout part.





Si le premier disque du groupe évoquait le monde contemporain dublinois, le second l’anxiété des tournées constantes et la peur de faillir face au public, le troisième la relation de ses membres avec leur pays natal, Romance, comme l’indique son titre, parle d’amour. Au sens large. Dans tous les sens. Je dis amour, mais on parle de romance. De fling. de choses qui durent. Mais aussi de celles  qui ne durent pas.

 

« It’s fine / I know / you rain / I snow / You stay / I go »


 

Dans ce disque, un refrain peut résumer une relation. Plus précisément, deux vers : tu pleus/je neige. Car la brillance des Fontaines D.C. est dans leurs textes, depuis le débuts. Et c’est une chose qui prend sens lorsqu’on sait qu’avant d’être un groupe musical, les boys de Dublin City ont publié deux recueils de poésies, inspirés par leurs illustres concitoyens, Beckett et Joyce en tête, mais aussi par un panel littéraire allant de la Beat Generation à la littérature environnementale.

 

Dans Romance, les textes trouvent en la musique un écrin, plus qu’un support. Les deux guitaristes du groupes offrent chacun un morceau à l’album, amplifiant, complétant la voix de leur chanteur et parolier principal Grian Chatten. Si ce dernier réussit d’ailleurs à épater vocalement tout au long du disque, la palme du plus beau morceau revient à O’Connell pour son Horseness is the Whatness, magnifique ode à la vie, à l’amour et à l’existence, dont le titre vient directement d’une citations d’Ulysse de Joyce.




 

Et la musique dans tout cela ? 




Comme à leur habitude depuis leur premier disque, les Fontaines changent de style, brouillent les frontières, mais restent eux-mêmes. Non, je ne parlerai pas ici de style vestimentaire, bien que l’envie en soit grande. Musicalement, la pop est désormais bien présente, ce qui était à prévoir avec leur changement de label — le groupe a quitté Partisan Records pour XL après leur troisième disque — et de producteur — Dan Carey le producteur historique du groupe a été remplacé James Ford, qui ne se gêne pas pour agrandir la palette sonore du groupe.

 

Il faut l’admettre, les singles de Fontaines D.C. sont plus « consensuels » que pour leurs disques précédents. Un Favourite est mille fois plus facile à écouter qu’un Too Real, c’est aussi factuel que le jour et la nuit. Le single Starbuster rendait d’ailleurs parfaitement compte de ce changement de dynamique, de cette volonté de changer. Pourtant le cœur de Romance, le corps de l’œuvre, est tout aussi frappant que ceux des albums l’ayant précédé.

Dans la seconde partie du disque, après un Modern Life lorgnant très fortement du coté de Lana Del Rey, on assiste ainsi à un défilé de morceaux qui semblent être les contreparties de la clôture de leur opus précédent, Skinty Fia, l’incroyable morceau Nabokov. L’enchaînement Motocycle Boys, Sundowner, Horseness is the Whatness est tout simplement magnifique. À la violence de Nabokov vient s’opposer la douceur de ces morceaux éthérés, mettant en scène un groupe plus aérien que jamais.




 Du coup, c’est bien ou pas ?


En somme, Romance est un grand disque, même si certains morceaux auraient mérité d’être étirés un peu plus. Comme si le groupe avait eu peur de  réellement sauter dans le vide.  Finir le disque avec un morceau comme Favourite aurait pu être une gageure pour Fontaines D.C., mais nous sommes en 2024. Désormais, l’espoir est possible. Ou plutôt, il est devenu possible de désespérer avec le sourire.

 

S’ils nous faisaient une faveur avec leur troisième disque, les Irlandais nous laissent désormais face à une question cruciale : choisir ou exister. Peut-être que les deux termes de l’équation sont les mêmes. Peut-être que cela n’a aucune importance. Un article de Rafaël DEVILLE.

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