Andréa Bescond a récemment partagé ces mots de Margherita Hack sur Instagram : "Les vrais gens font peur, c'est pour ça qu'ils ont toujours seuls, parce qu'ils sont très sincères et plus honnêtes, quand ils disent quelque chose, ils le font avec le cœur, sincérité et sagesse, ils le disent avec la façon le plus vraie qu'ils connaissent".
Artiste complète – danseuse professionnelle, scénariste, comédienne, metteuse en scène et réalisatrice, auteure – Andréa Bescond a su déjouer la noirceur de son enfance par la danse, la comédie et l’écriture. Elle a su tirer sa révérence à un ouragan de rage et à la peur, en les métamorphosant en combat quotidien. Elle a su dépoussiérer ses rancunes et ses colères en les détournant le drame en chorégraphies théâtrales, audiovisuelles et littéraires. Résilience !
Le fillette victime d’inceste s’est transformée en chrysalide pour donner naissance à une guerrière, face aux injustices et aux violences telles que le patriarcat extrême et les sévices physiques, psychologiques et sexuels infligés aux femmes et aux enfants.
Ses récriminations sont factuelles, justifiées, parfaitement raisonnées, et elle les assume sans crainte.
Elle reste lucide quant aux influences qu’elle peut avoir sur un public conscient ou inconscient de ces agissements, ainsi que sur les victimes.
On ressent, dans chacune de ses productions audiovisuelles, théâtrales ou littéraires, le besoin d’Andréa Bescond de montrer, de démontrer et de mettre en garde le public face à toutes violences confondues : physiques, psychologiques et sexuelles, envers femmes et enfants.
Les chatouilles, un seule en scène et un film qui touchent le cœur et les trippes.
Ascèse, besoin d’avouer pour guérir, de témoigner, de signaler, de prévenir ? Andréa a-t-elle fait de l’art un allié pour revendiquer un droit à la parole, alerter l’auditoire d’une manière hors norme et mettre publiquement son bourreau sur les banc des accusés ?
Depuis dix ans, Andréa Bescond passe des planches à l’écran pour faire revivre son traumatisme en ressuscitant son histoire à travers le personnage d’Odette.
" Odette a huit ans lorsqu'elle est la victime de Gilbert Miguié, le meilleur ami de ses parents, qui arrache des moments d'isolement avec la petite fille pour la violer Devenue adulte et danseuse professionnelle, Odette se débat avec les séquelles du crime : toxicomane, elle trouve finalement la force de se rendre chez une psychologue malgré le souvenir et la douleur, et se lance dans une thérapie pour tenter de sauver sa vie. "
Seule en scène : " Les chatouilles ou la danse de la colère "
En 2012, Andréa entame l’écriture de « Les chatouilles ou la danse de la colère », un seule en scène unique qui chorégraphie la rage avec une puissance artistique rare.
Elle présente son œuvre au Festival d’Avignon où elle reçoit le Prix d’Interprétation Féminine d’Avignon en 2014 avant d’y réitérer la présentation de son spectacle en 2015. Elle cumulera les Prix du Nouveau talent Théâtre SACD, celui du Jeune Talent de l’Académie Française, puis devient Lauréate de la Fondation Charles Olmont après avoir présenté sa pièce au Théâtre du Petit Montparnasse en 2016. Les années qui suivent, elle part en tournée pour présenter sa pièce qui couronnée d’un véritable succès, voyage même jusqu’à Genève, Bruxelles et Tel Aviv.
Puis, elle offre sa confiance à Déborah Moreau en 2019, merveilleuse danseuse autodidacte professionnelle, qui reprend le spectacle avec magnificence à la Scène Libre de Paris, avant de partir en tournée dans toute la France.
Mais le succès des Chatouilles, à l’écran ou sur scène, ne périssant pas, les chaînes de télévision diffusent de nouveau le fim en 2024, puis Andréa remet les pieds sur les planches et repart pour l’aventure d’un seule en scène au Théâtre du chêne Noir à Avignon.
Et de nouveau rappelée par la scène, elle remonte sur les planches du Théâtre de l’Atelier, à Paris, d’avril à juin 2024 pour renouveler son témoignage fort.
On pourra la retrouver sur scène à la Salle de Cinéma de Saint Vincent le Tyrosse le 11 avril 2025.
Les Chatouilles à l’écran.
La scène ne suffisant pas au sujet poignant, Andréa Bescond a le courage de réincarner ces effroyables chatouilles dans son film du même nom, qu’elle co-réalise avec Éric Métayer, sorti en 2018.
Traité avec une forme de légèreté, dans le but d’évoquer la résilience, il est toujours vu, revu, et pleinement accueilli par un public empreint d’émotion face à ce sujet inacceptable, même six ans après sa sortie.
Les Chatouilles reçoit deux César : celui de la meilleure adaptation et celui du meilleur second rôle féminin lors de la 44ème cérémonie des césar en 2019.
Les chatouilles, qualifié de "film salvateur" par La Dépêche, est toujours diffusé sur France TV et les plateformes de streaming courantes.
Andréa Bescond, c’est du L♥ve en barre : " Force, soutien et amour " sont ses mots clés.
Chacune de ses paroles – forte, puissance, intransigeante – qui appelle à ouvrir les yeux sur une réalité terrible et désolante, s’accompagne d’une bienveillance, d’une empathie et d’une tendresse portées par le cœur.
Elle répond toujours présente, malgré son vécu, et offre toujours cet accueil bienveillant, empreint de sensibilité et d’empathie auprès de celles qui lui sont anonymes. Toutes ces femmes, victimes ou non, comédiennes, artistes, auteures, combattantes, toutes la suivent, la soutiennent, prennent chez elle toute la force qu’elle offre.
Les Posts Noirs.
Qui sont les 200.000 followers qui ne loupent pas un Post Noir Instagram d’Andréa Bescond ? Comme elle l’a mentionné dans l’un d’eux le 29 septembre 2024, 88% de ses followers sont des femmes, contre 12 % d’hommes, parmi lesquels, dit-elle : « 12% c’est peu… surtout en comptant ceux qui m’insultent ».
Elle formule ses Pancartes Noires de manière atypique : elle les tutoie, tous ces pervers, ces accusés, ces coupables d’infamies, de violences, d’incestes, de viols, de féminicides ; elle les tutoie, ce Président de la République, ce gouvernement et ces tribunaux injustes. Elle les nomme par leurs noms et prénoms ; relate de manière factuelle leurs agissements ; formule des conclusions qui établissent le plus souvent une justice injuste, non maîtrisée, qui ne punit pas, voire dilettante, qui libère le bourreau. Elle s’adresse à eux sans filtre, comme un gladiateur.
Elle met en avant l’impunité, appelle à une vraie justice, formule des requêtes avec l’espoir infini qu’elles soient entendues.
"La justice est ultra complaisante avec la violence masculine" mentionne-t-elle dans une émission de France Inter le 26 décembre 2022.
Elle ose, elle bouscule, elle affirme, s’affirme, surprend, défonce les portes, elle n’a plus peur. Elle aide, elle pousse les victimes à sortir du noir, à parler, à dompter leur confiance. Son franc parler et son information vive aident chacune d’entre nous à oser avouer, à pousser les portes des forces de l’ordre, de la justice, et à mettre la peur à l’écart. Elle offre sa force à toutes.
À la folie, de son téléfilm sur l’emprise par le pervers narcissique.
Andréa Bescond ne s’arrête pas aux violences physique dans ses œuvres.
"Au beau milieu d’un cocktail entre amis, Anna poignarde son compagnon Damien. Elle est mise en examen pour tentative de meurtre, mais l’affaire est incompréhensible : Anna n’a aucun passé de violence, et ne donne aucune explication à son geste. Noé, en charge de l’enquête, veut comprendre : pièce par pièce, il va reconstituer sous nos yeux le puzzle de l’emprise d’un pervers narcissique sur sa victime. Avec l’aide d’une avocate déterminée, ils vont révéler le vrai visage de Damien. Parviendront-ils à sauver Anna ? "
À la folie, réalisé avec Éric Métayer, met en avant le mécanisme du pervers narcissique. On oublie souvent les violences psychologiques, ces agissements invisibles qui font des bleus à l’âme, qui détruisent à petit feu et poussent souvent les victimes vers une fin funeste souvent inévitable.
Cette fiction en deux parties, avec les talentueux Marie Gillain et Alexis Michalik, est diffusée sur M6 en septembre 2022. Dénigrement, humiliation et isolement sont mis en avant dans cette œuvre féroce. M6 a d’ailleurs consacré sa soirée au sujet des amours toxiques en proposant, suite à cette diffusion, deux documentaires : " Amour sous emprise : partir ou mourir " et "Amours toxiques : comment survivre à un manipulateur narcissique ? " afin de disséquer le sujet.
Andréa Bescond prévient du Revenge Porn, avec la série Nudes.
Andréa Bescond est sans limites. Elle ne se limite pas aux Chatouilles dans son souhait de prévention. En effet, c’est aux côtés de Sylvie Verheyde et Lucie Borleteau, qu’elle réalise la série Nudes, diffusée sur Amazon Prime Video depuis le 1er février 2024.
La série nous plonge dans l’enfer de la cybercriminalité. Les trois réalisatrices nous ouvrent les yeux sur les dangers de la vengeance des adolescents par la diffusion de photos à caractère sexuel sur les réseaux sociaux. Ce comportement est une réalité qui peut détruire une vie en une fraction de seconde. Il s’agit là d’une violence sexuelle extrême qui peut pousser un ou une adolescente dans un précipice sans fond, voire funeste.
Cette série est nécessaire. Bien que la réalisation et le scénario portent des fictions parfaitement bien menées, il n’en reste pas moins que ces trois histoires sont une réalité bien trop fréquente, et dont chaque famille, chaque parent, se doit d’en faire part à ses enfants. Cette série appelle vivement à une prise de conscience prioritaire.
Andréa Bescond en a réalisé les 4 premiers épisodes.
"Focus sur une pratique plus que jamais d’actualité : l’envoi, un peu honteux et risqué, de photos dénudées, à travers les parcours de Sofia, Ada et Victor, trois adolescents évoluant dans des univers très différents. De la lycéenne tiraillée par le déterminisme social, à la collégienne de zone rurale désertée et victime de la pédo-criminalité sur internet, en passant par l’étudiant en médecine inconscient des risques qu’il fait encourir à sa camarade de faculté, la série dresse les portraits de trois jeunes adultes confrontés à la problématique du cyberharcèlement. "
Dans le BlogTvNews, Andréa Bescond explique : "J'ai pu découvrir, par l'intermédiaire de témoignages sur les réseaux sociaux, l'ampleur du fléau des violences sexuelles en France. Ce fléau des violences ne connaît pas de frontières et se développe également à travers nos outils de communication".
En passant par l’écriture, pour l’adulte, et sans oublier l’enfant.
Entre ses chorégraphies en scène et la réalisation du film Les chatouilles, Andréa Bescond se met en écriture et sort son ouvrage Une simple histoire de famille en 2023." Un très beau roman, bouleversant et cru, vibrant réquisitoire contre les violences faites aux femmes", le qualifiera le journal L’express. Cette histoire suspense, qui va crescendo, démontre la manière dont l’aveu des violences enfouies peut être une véritable libération.
" Faire en sorte que la vérité anéantisse la douleur. Confronter les secrets, pour être enfin libres et en paix. " Louisette, Hervé, Lio : trois personnages avec pour héritage la violence et les secrets de famille. Prisonniers des non-dits, lequel d'entre eux brisera le silence ? "
Et ce n’est pas une surprise de voir paraître chez Harpercollins, en 2020, son recueil dédié aux enfants : Et si on se parlait ? - Le petit livre pour aider les enfants à parler de tout, sans tabou ! (3-6 ans). Andréa Bescond est grandement engagée dans la protection des enfants. Ici est la preuve de sa véritable implication. Et c’est bien joué !
"Coucou ! Nous nous appelons Thomas, Noémie, Jade et Sam... Nous avons à peu près ton âge et nous aimerions partager avec toi des petites expériences de vie. Cela te permettra d'en parler avec les adultes qui s'occupent de toi, d'exprimer tes émotions, de raconter à ton tour ce que tu vis à l'école ou à la maison... " Quand j'ai joué mon spectacle Les Chatouilles, j'ai rencontré beaucoup de personnes qui s'interrogeaient sur la manière de parler à leurs enfants de la violence, mais sans savoir comment faire.
Cela m'a donné l'envie de créer, avec Mathieu Tucker, un ouvrage ludique et joyeux qui ouvre le dialogue entre les petits et les grands. "
La censure, les tribunaux, les insultes.
"Dans la plupart des cultures, on est coupable d'être une victime." (Boris Cyrulnik)
Dans ses combats, Andréa Bescond se doit d’affronter la justice et l’agressivité suite à ses Posts Noirs qui se voient parfois détournés et taxés de diffamation ; certains messieurs ne se lassent pas d’insultes à son encontre ; elle a également été sujette à une censure injustifiée sur Instagram en septembre 2024.
Mais bien loin d’elle l’idée de lâcher prise. Tous ces heurts ne font que décupler son besoin d’aller toujours plus loin, d’affirmer ses convictions et de poursuivre ses combats.
Ses sœurs, les Queens : elle est engagée, avec des acolytes de choix.
Les Queens, c’est ainsi qu’elle dénomme ses acolytes, ses soutiens, ses sœurs de cœur et de combat.
Entourée d’avocates, de comédiennes, de réalisatrices, elle soutient les associations et les mouvements dédiés à la protection des femmes et des enfants. Elle y va de tous les combats, se fichant du qu’en-dira-t-on.
Andréa Bescond fonçait déjà tête baissée, bien avant l’ère #metoo, et bien avant la création de la Ciivise. Elle vient aujourd’hui en renfort de celles qui osent parler et agir.
C’est par exemple aux côtés de Flavie Flament – violée à l’âge de 13 ans – qu’en 2021, elle s’insurge contre le seuil du consentement à l’âge de 13 ans, proposition de loi Billon que le Sénat vient d’adopter. Leur interview par Yann Barthès, qui dégage une grande émotion – évoquant les souvenirs d’enfance et la résilience, avec des paroles presque tendres –, est à voir et écouter sur la plateforme TF1.
Puis, récemment, Andréa Bescond, Ludivine Sagnier, Marianne Basler, Elodie Navarre et Eleonora Galasso se sont alliées dans un Seules en scène hors du commun pour dénoncer les violences faites aux femmes. C’est au théâtre des Mathurins, à Paris, que les cinq comédiennes offrent leurs histoires, sous forme de tragédie-comique, afin de faire prendre conscience au public des violences conjugales, des relations toxiques, de l’avortement clandestin, et surtout, du déni. Elles représentent à elles cinq, les porte-paroles de celles qui ne sont pas encore aptes ni prêtes à parler. Avec pour elles, l’espoir que ces témoignages offrent à ces victimes la force de pouvoir s’ouvrir et de dénoncer.
Le comble de l’ironie : Andréa Bescond, Présidente de tribunal dans la Syndicaliste.
Andréa Bescond joue le rôle d’une juge dans le film La syndicaliste, de Jean-Paul Salomé, sorti en 2022, dont l’actrice principale, Isabelle Huppert, est victime de patriarcat. L’intervention d’Andréa Bescond, dans le dernier tiers du film, est très forte, dure, émouvante, déstabilisante.
Le film est disponible sur Ciné+OCS.
Andréa Bescond élue Femme Causette 2023 France : “ça me donne de la force”
Avec 37,7% des voix, elle est élue par les lecteurs comme la Femme Française de l’Année en 2023.
Un article de Sophie GERMANEAU.
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